Suite aux dramatiques événements de 1955, la ligne droite des stands du circuit du Mans subit de profondes modifications et l’ACO édita un nouveau règlement pour endiguer la montée en puissance des voitures. La cylindré des prototypes était plafonnée à 2.5 l. La consommation allait également être réduite en limitant la contenance des réservoirs à 130 l et on espaçant les ravitaillements de minimum 34 tours. Obligeant donc Les moteurs à une consommation de maximum 28 l/100km.
La type D ayant été produite à plus de 50 exemplaires, elle pouvait courir dans la catégorie Sport avec son moteur de 3,4 l, ce qui allait donner à Jaguar un bel avantage sur ses concurrents. Les Ferrari allaient devoir rester dans la catégories prototypes avec un moteur plafonné à 2,5 l. Moteur qui était celui de leur F1 et qui développait près de 225 ch. Talbot-Lago sport avait également un moteur de 2,5 l, celui de la Maserati 250 de formule 1 de 230 ch. Aston Martin, dont la DB3S avait également été produite à plus de 50 exemplaires, avait un moteur 3 l de 210 ch et pour augmenter leur chances, ils engagèrent également une DBR1 en catégorie prototype équipée d’un 6 cylindre de 2,5l de 210 ch.
Trois Jaguar Type-D furent engagées par l’usine pour cette édition de 1956. Deux autres voitures prirent également le départ. Une sous les couleurs de l’Ecurie Ecosse et l’autre par l’Ecurie Francorchamps. La carrosserie des Jaguar avait peu évolué depuis l’édition 1955. Néanmoins pour répondre aux exigences de l’ACO, un siège et une porte fictive avaient été placé du côté passager et le pare-brise enveloppait maintenant toute la largeur de la voiture.
Les voitures étaient les suivantes :
XKD605, plaque 393RW, num 1 pilotée par Mike Hawthorn et Ivor Bueb
XKD606, plaque 032RW, num 2 pilotée par Paul Frère et Desmond Titerringon, qui sera accidentée aux essais
XKD603, plaque 774RW, num 2 pilotée par Paul Frère et Desmond Titerringon
XKD602, plaque 351RW, num 3 pilotée par Jack Fairman et Ken Wharton
XKD501, plaque MWS301, num 4 piloté par Ron Flokhart et Ninian Sanderson pour l’Ecurie Ecosse
XKD573, plaque NKV479, num 5 piloté par Jacques Swaters et Freddy Rousselles pour l’Ecurie belge.
La course débuta difficilement pour les Jaguar.
Au deuxième tour, Paul Frère au volant de la num 2 perdit le contrôle de la voiture et tapa fortement l’arrière de cette dernière. La Jaguar num 3, surprise par la présence de la voiture de Paul Frère, fit un brusque écart et toucha les barrières de sécurité, endommageant la voiture, suite à quoi il fut percuté par la Ferrari Num 11 de Portago.
Après une heure de course, il ne restait plus qu’une seule Jaguar officielle, celle de Hawthorn. Mais celle-ci eut des problèmes d’injection et perdit des précieuses places, descendant tours après tours dans le classement, laissant la DB3S pilotée pr Stirling Moss se disputer la première place provisoire avec la Jaguar Type-D de l’écurie Ecosse pilotée par Flockhart. Pendant toute la nuit les deux voitures interchangèrent leurs positions en fonction des ravitaillements et des changements de pilotes. Un écart de moins d’une minute séparait les deux bolides, laissant la concurrence à plusieurs tours. Le nouveau revêtement du circuit et la pluie eurent raison de beaucoup de concurrents et au petit matin les Ferrari et Porsche rescapées étaient largement distancées. La Jaguar de couleur jaune portant le num 5 de l’Ecurie Francorchamps, pilotée par Jacques Swaters, continuait sa remontée pour atteindre la 3ème place à quelques heures de l’arrivée. Après le double tour d’horloge, la Jaguar XKD501, plaque MWS301, num 4 piloté par Ron Flokhart et Ninian Sanderson pour l’Ecurie Ecosse, remporta la 4ème victoire pour Jaguar. Moss sur la DB3S termina 2ème, suivit par la Ferrari de Gendebien qui dépassa lors de la dernière heure de course la Jaguar belge de Swaters.

Auréolé de ce 4ème succès, Jaguar décida de se retirer de la course à la fin de la saison 1956. L’objectif de William Lyons était atteint, la marque de Coventry était maintenant reconnue de part le monde pour sa vitesse et sa fiabilité.
A la fin de la saison, l’Ecurie Ecosse achetta 3 Type-D « Long nose »pour la saison 57. qu’ils présentèrent au départ des 24 h du Mans.
XKD601, num 4 piloté par Masten Gregory et Duncan Hamilton – XKD603, num 15, plaque 341SG, piloté par Jock Lawrence et Ninian Sanderson – XKD606, num 3, plaque 376SG, piloté par Ivor Buel et Ron Flokhart
A noté qu’une des Jaguar de l’Ecurie Ecosse fut équipée d’un moteur 3,8l de 300 ch à injection. Les autres voitures conservaient le 3,4l avec 3 carburateurs Weber.
L’écurie belge engagea une quatrième type D pour Paul Frère et Freddy Rousselle, le châssis XKD573, plaque NKV479, portant le num 16. Une Cinquième Type D fut présente également au départ engagée par une équipe française « Los Amigos » : le chassis XKD513, num 17 pilotée par Jean Lucas et Mary.
Une fois le drapeau francais baissé, la Ferrari 335S de Mike Hawthorn prend la tête de la course, suivie par la Maserati 450S conduite par Jean Behra. Les Jaguar suivent les italiennes. Mais dès la 3ème heure de course les Jaguar imposèrent leur rythme et dominèrent la course. La num 3 de Ivor Buel et Ron Flokhart resta en tête pendant 19 heures de course terminant avec 8 tours d’avance sur la deuxième Jaguar, la n°15 de Sanderson et Lawrence, suivie elle-même par la Jaguar de l’équipe française et de la Jaguar de l’écurie belge. La Ferrari 315S de Martino Severi et Stuart Lewis-Evans fut la première voiture classée non Jaguar et termine à 27 tours du leader.
La victoire fut total sur ce circuit du Mans pour lequel la Type D avait été conçue.
En 1958, l’ACO édita un nouveau règlement qui limita la puissance à 3 l. et malgré les efforts d’adaptation de l’Ecurie Ecosse, les heures de gloire de la Type-D étaient derriere elle.
