En 1964, la Cobra de Carroll Shelby avait réussi ses premiers objectifs sportifs : battre les corvettes, remporter le championnat des pilotes US, le championnat des constructeur US et même le USRRC. Si Shelby voulait réellement décrocher la timbale qu’est le Championnat International des Constructeurs pour voitures de Grand Tourisme, propriété exclusive de Ferrari, il devait trouver une autre arme que la Cobra.
Pour gagner au plus haut niveau en 1965 il fallait une voiture capable de gagner les 24h du Mans et pour cette mission-là Cobra n’était pas la voiture idéale.
Agile, rapide et efficace sur les circuits américains, la Cobra ne pouvait pas dépasser les 250km dans l’interminable ligne droite du circuit de la Sarthe. Dan Gurney ou Ken Miles considéraient que la capacité de pénétration dans l’air de la voiture était celle d’une “boîte à chaussures”.
Pete Brock proposa à Carroll Shelby de reprendre les études aérodynamiques et de travailler sur un coupé. Shelby accepta en imposant de partir du châssis AC et du moteur Ford, comme pour toutes les autres Cobra. N’ayant aucun moyen pour lancer le projet, le châssis utilisé pour l’étude sera celui de la voiture accidentée de Skip Hudson à Daytona.





Le projet fut très critiqué. La crainte principale fut le poids de la voiture qui, selon certains experts, devait être 100kg de plus que la Cobra mais Carroll Shelby croyait au projet de Pete Brock et le travail se poursuivit.



Phil Remington, un des meilleurs ingénieurs automobiles et metteur au point de genie, Ken Miles le pilote, John Olson et Donn Allen ont tous participé au projet et en 90 jours, la première voiture fut construite.
En février 1964, une fois le dernier panneau de carrosserie posé, le châssis fut conduit à Riverside par Ken Miles. Avec ses 350 cv, elle prenait 40km/h de plus que la Cobra, atteignant les 273 km/h dans la ligne droite et fut 3,5 secs plus rapides sur un tour.



Satisfait de ce résultat, la voiture allait être préparée pour sa première course : La Daytona Continental d’où elle tirera son nom.
Pour cette course la voiture sera conduite par Bob Holvert et Dave McDonald.

Malheureusement, alors que la voiture comptait plusieurs tours d’avance sur la concurrence, après 7h de course, un incendie se déclara lors d’un ravitaillement et elle dut se retirer. Malgré cette déception, on nota que la voiture s’était montrée bien plus rapide que les Ferrari GTO toutes neuves.
Avant son incendie, le coupé Daytona s’octroya le meilleur tour en course en 2.08.2 soit 171,182 km/h.

A la course suivante, les 12h de Sebring, Ferrari était bien représentée. La firme italienne, qui dominait toutes les catégories depuis 1962, aligna 10 voitures.
Comme à Daytona, la voiture prit le meilleur départ et commença son chevalier seul. Et 12h plus tard, la Cobra Daytona remporta sa première victoire en catégorie GT, seuls les prototypes Ferrari réussirent à la contenir.


Les prochaines courses du championnat se déroulèrent en Europe.
Le coupé Daytona fut aligné au 500km de Spa où Phill Hill termina à la sixième place puis au RAC TT où Dan Gurney termina troisième au classement général et premier de la classe GT.
Enfin ce fut les 24h du Mans. Deux Daytona y furent inscrites dans la catégorie GT, la num 5 (CSX2299) pilotée par Gurney / Bondurant et la num 6 (CSX2287) par Neerpasch / Amon.



Le début de course se déroula à merveille pour les deux voitures. Malheureusement la num 6 dut abandonner pour un problème de batterie après quelques heures.
Il ne resta que la numéro 5 pilotée par Dan Gurney et Bob Bondurant.
A la mi-course, les 3 GT40, alignée par Ford, avaient abandonné laissant là tous les espoirs de la firme américaine et de leurs prototypes.
Après 18h de course, la Ferrari P de Surtees et Bandini eut un souci et la Daytona mena la course, en catégorie GT mais également au classement général devant les prototypes.
Malheureusement cela ne dura qu’un temps, un caillou vint percer le radiateur d’huile obligeant les pilotes à lever les pieds pour les dernières heures de course.
Néanmoins, la Daytona remporta les 24h du Mans 1964 en catégorie GT devant les fameuses Ferrari GTO, Porsche 904, Jaguar Type E Lightweight et encore d’autres voitures prestigieuses.
Ce fut la première voiture américaine à gagner le Mans dans une des catégories majeures.



En 1965 4 Daytona seront engagées aux 2000km de Daytona et la voiture pilotée par Schlesser et Keck remporta la course.

Puis vint Sebring, où Shelby rêvait de rééditer son exploit de 1964. Quatre voitures furent alignées. Le départ fut donné sous une chaleur de plomb mais très vite un déluge s’abattait sur le circuit.

La lutte fut sévère mais la paire Schlesser/Bondurant sur la voiture num 15 remporta une nouvelle victoire après 12 h de folie.



En Europe les voitures continuent leurs belles prestations remportant la catégorie GT à Monza et au Nurburgring.

Au 24h du Mans 1965, à nouveau quatre voitures furent au départ. Pour être exacte, une cinquième Daytona sera alignée : la num 59 de couleur rouge alignée pour l’écurie suisse Scuderia Filipinetti.


La course fut animée et pleine de rebondissement et tout ne se déroula pas aussi bien qu’en 1964.
La première Daytona dut abandonner après 111 tours de circuits sur un problème d’embrayage. La Daytona de l’écurie suisse connut un problème moteur au 126ème tour et la voiture conduite par Johnson et Payne connut un problème de culasse et s’arrêta définitivement à son stand au 158ème tour.
Mais les ennuis ne s’arrêtèrent pas là, la voiture num 9 pilotée par Dan Gurney et Grant connut un problème identique au 204ème tour.
Il ne restait en course que la voiture num 11 de l’équipage Jack Sears/Dick Thomson. Voiture partie de la 20ème position, à plus de 10sec de la plus rapide Cobra. La voiture connu des problèmes de pression d’huile puis elle eut un accident avec une Alfa-Romée dans la courbe d’Indianapolis cassant son radiateur. Après les réparations d’usage et le placement d’un nouveau radiateur, la voiture reparti des stands avec un avant pour le moins redessiner à coup de marteau.

Malgré tout cela la Daytona remporta la catégorie GT.

Aux 12h de Reims les Daytona remportent la course. Ces derniers précieux point permirent à Shelby de remporter le championnat du Monde GT 1965.

Malheureusement pour la Daytona la réglementation du championnat du monde 1966 évolua ne prenant plus en compte la catégorie GT, se concentrant exclusivement sur les prototypes. Décision qui mît fin à la carrière de la Daytona.
6 châssis furent construits
CSX2287 : la première voiture 2000 km de Daytona 64 – 12h de Sebring 64 – Spa 64 – 24h du Mans 64 – 12h de Reims 64 – TT 64 – Tour de France 64 – 24h du Mans 65
CSX2286 : 24h du Mans 65
CSX2299 : 2000 km de Daytona 64 – 24h du Mans 64 – 12h de Reims 64 – TT 64 – Tour de France 64 – 2000 km de Daytona 65 – 12h de Sebring 65 – TT 65 – 24h du Mans 65 – Coppa Citta Di Enna 65
CSX2300 : Tour de France 64 – 2000 km de Daytona 65 – 12h de Sebring 65 – 1000km du Nurburgring 65 – 12h de Reims 65
CSX2601 : 2000 km de Daytona 65 – 12h de Sebring 65 – 1000km de Monza 65 – 500 km de Spa – 1000 km du Nurburgring 65 – 24h du Mans 65 – 12h de Reims 65 – Coppa Citta Di Enna 65
CSX2602 : 2000 km de Daytona 65 – 12h de Sebring 65 – 1000km de Monza 65 – 500 km de Spa 65 – 1000km du Nurburgring 65 – 24h du Mans 65
Palmarès
1964
- 12h de Sebring (classe GT)
- 24h du Mans (classe GT)
- Tourist Trophy du RAC
1965
- 2000 km de Daytona (classe GT)
- 12h de Sebring (classe GT)
- 1000 km de Monza (classe GT)
- 1000 km du Nurburgring (classe GT)
- 12h de Reims (classe GT)
- 24h du Mans (classe GT)
- Coupe de la Cité de Enna (classe GT)
- Championnat du Monde des Constructeur (classe GT)
- 23 records de vitesse à Bonneville

Au Revival de Goodwood 2015, les 6 châssis furent rassemblés pour l’unique fois de leur histoire :

En courses classiques nous pouvons voir quelques Daytona. Ces voitures sont magnifiques et extrêmement rapides. Ce sont, à ma connaissance, des voitures de fabrications récentes, ayant toutes les caractéristiques des 6 premières Daytona, accrédité du Historical Technical Passport FIA.





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@waltheradriaensen – pistonsandwheels