Une DB Panhard, une barquette d’usine Deutsch-Bonnet de type HBR4 à moteur Panhard.
Les origines de la marque DB
Charles Deutsch, ingénieur des ponts et chaussées rencontra René Bonnet en 1932. Les deux hommes avaient un objectif commun: fabriquer des petites voitures de sport légères.
Les premières DB avaient des moteurs Citroën et participaient rapidement à leurs premières courses. La DB2 suivit la DB1 mais malheureusement leurs efforts furent arrêtés par la guerre. Ce ne fut qu’en 1945 que la DB4 sortit des ateliers, motorisée par un moteur Citroën de 1500cm3.
Cette DB4 fut alignée lors de la première éditions des 24h du Mans d’après guerre en 1949 pilotée par Charles Deutsch et René Bonnet. Malheureusement la voiture abandonna après 75 tours, après avoir coulé une bielle.
En 1950 Charles Deutsch et René Bonnet décidèrent de se tourner vers les moteurs Panhard.
Bien des voitures sortirent des ateliers de Champigny, les DB4, DB5, les DB6, les DB7. Des voitures de courses certes mais également des voitures de ville dont le fameux cabriolet Le Mans.
Malgré leurs bons résultats sur le circuit du Mans, René Bonnet et Charles Deutsch se séparèrent en 1962. Charles Deutsch créa sa propre marque les CD et René Bonnet, lança les René-Bonnet.
La marque René Bonnet dû fermer pour raisons financières et fut rachetée par l’entreprise aéronautique Matra, donnant naissance aux voitures Matra, bolides de courses qui allaient marquer l’histoire des 24h du Mans quelques années plus tard.
Les DB et les 24h du Mans et l’indice de performance.
C’est une véritable histoire d’amour qui unit les DB et les 24h du Mans, pas moins de 51 DB furent engagées aux 24 Heures du Mans entre 1949 et 1961.
Deux compétitions se côtoyèrent au Mans. La victoire à la distance, que se disputaient comme des chiffonniers les Ferrari, Aston Martin, Jaguar, espérant passer la ligne d’arriver le dimanche avec le plus de tours au compteurs et la victoire à l’indice où les petites cylindrées étaient reines. C’est cette victoire qui allait être la quête des DB. Dans les années 1950, le gouvernement français, pour tenter de relancer l’industrie automobile nationale, taxait fortement les grosses cylindrées. Quoi de mieux qu’une victoire à l’indice aux 24h du Mans pour démontrer la qualité et la sobriété de sa voiture et de sa marque.
Mais qu’est ce que représente exactement l’indice de performance?
Ce classement combinait le poids, la vitesse et la cylindrée de la voiture pour établir une distance minimale à parcourir. Comparée à la distance réellement effectuée, le résultat de ce rapport donnait un coefficient supérieur à 1. La voiture ayant le coefficient le plus élevé remportait ce classement à l’indice de performance.
En 1954 et 1955 les DB terminèrent première de leur catégorie et en 1956 une DB remporta l’indice de performance. Exploit qu’une DB parvint à rééditer en 1960 et 61 avec la barquette de cette article : Le châssis #1091.
Le châssis #1091
#1091 est une des 3 barquettes HBR4 construites en 1959 pour les épreuves du Championnat du monde d’endurance. (un des deux autres exemplaires est exposé au circuit des 24h du Mans).
HBR4 : le H désigne la catégories des automobiles de 500 à 750 cm3, le B pour les voitures bi-places, le R pour la conduite sur route et le chiffre fait référence à la puissance fiscale.
Le moteur était un bicylindre de 700 cm3 Panhard développant 69ch ce qui était largement suffisant pour un poids de 475 kg.
Le châssis de la barquette DB était composé d’une poutre centrale tubulaire en acier, d’une double fourche à l’avant et de traverses en T à l’arrière.
La carrosserie en aluminium était extrêmement profilée et très légère. La suspension avant fut semi triangulée, ce qui donnait une excellente tenue de route.
La voiture débuta sa carrière au 24h du Mans 1959. où elle fut pilotée par Gerard Laureau et Pierre Chancel. Malheureusement après un début de course très prometteur, la voiture dû abandonner suite à un piston cassé. (#47).
La même année la voiture participa au 2h de Clermond-Ferrand.

En 1960, la voiture était de retour sur le circuit de la Sarthe portant le #48. Pour la victoire à l’indice de performance la concurrence était importante : les Lola, les Osca, les Lotus Elite, les Porsche et les Fiat Abarth allaient se disputer la victoire. Pour les lauriers de la distance Ferrari remporta une large victoire mais à l’indice de performance ce fut la DB, pilotée par Gerard Laureau et Paul Armagnac, qui l’emporta devant la Fiat-Abarth de Rigamont, l’OSCA de Simon et Laroche, la Fiat-Abarth de Féret, les Porsche de Trintignant et de Barth-Seidel.
, #1091 termina à la première place à l’indice de performance et la 15ème place du général après avoir parcouru 3405 km, 252 tours à une vitesse moyenne de plus de 141 km/h.
Quelques mois plus tard, Paul Armagnac gagna également la course inaugurale sur le circuit Nogaro.
En fin d’année, la voiture traversa l’Atlantique une première fois pour participer aux 12h de Sebring.
Elle sera pilotée par Hanna et Richard Toland portant le #72. Malheureusement après plusieurs heures de course elle dû abandonner sur problème moteur.
En mai 1961, la voiture était de retour en Europe et participa aux 1000km du Nurburgring pilotée par Gerard Laureau et Paul Armagnac. Elle termina à la 35ème place du classement général et 5ème dans sa catégorie Sport 1150cc. (#51).
Pour les 24h du Mans de 1961, la voiture porta le #53 et fut pilotée par la paire Gerard Laureau et Pierre Bouharde. La concurence était à nouveau au rendez vous : six autres DB HBR5, cinq Fiat Abarth, la Lotus Elite A et les fameuses Osca. A nouveaux la course se déroula à merveille pour #1091 et elle termina à une très honorable 18ème place du classement général et 1ère à l’indice de performance.

Lors de cette édition la voiture parcourut 256 tours soit 3457 km à une vitesse moyenne de 144,049 KM/h, bouclant son meilleur tour en 5:21.700.
Pour terminer l’année 1961 #1091 fut alignée en octobre aux 1000km de Paris pilotée par le duo Gerard Laureau / Paul Armagnac. Malheureusement la voiture dût se retirer suite à une casse moteur lors du 58ème tour. (#41)
Notons qu’en 1961, la voiture participa également à la course de côte du Mont Ventoux pilotée par le fidèle Gerard Laureau.
En 1962 la voiture traversa à nouveau l’Atlantique pour participer aux 12h de Sebring pilotée par Hanna et Richard Toland pour l’écurie Fran-Am racing Team et termina à la 27ème place du général et 2ème de sa catégorie derrière l’Oscar S750. #80
Suite à cela la voiture resta aux USA pour revenir en Europe en 2020.
Gerard Laureau et sa famille :
Gérard Laureau fut un des pilotes officiels DB entre 1955 et 1961, année où il passa sur René-Bonnet jusqu’en 1964.
Il participa 10 fois aux 24h du Mans. Il remporta une victoire de catégorie en 1956 et deux victoires à l’indice de performance en 1960 et 1961 sur cette voiture, la DB HBR4 #1091.
La belle histoire d’amour entre la famille Laureau et #1091 ne s’arrête pas là. Après bien des années de recherche et de longues transactions, la famille Laureau retrouva la voiture et l’acheta.
#1091 traversa une dernière fois l’Atlantique pour revenir sur les terres françaises.
Elle était entière et en bon état compte tenu de son passé et des années écoulées. Seules quelques adaptations liées à la sécurité (arceau de sécurité..) furent ajoutées.
Voici la voiture aujourd’hui entièrement restaurée qui appartient aux héritiers de Gerard Laureau, et qui, comme leur ancêtre, pilotent cette barquette d’usine sur le circuit du Mans lors du Mans Classic.









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