Tout a été dit ou écrit sur la mythique GT40, réponse magique d’Henry Ford II à Enzo Ferrari, victorieuse à 4 reprises aux 24h du Mans en 1966-67-68-69. Une voiture mythique qui mérite sa place au panthéon des voitures de sport.
Hors un élément essentiel de cette voiture reste peu connu et même le magnifique film, sorti en 2020 “Le Mans66” semble oublier un détail d’importance: pour créer la GT40, Ford n’est pas partie d’une feuille blanche.
Résumons la genèse de la Ford GT40.
En 1963, humilié par Enzo Ferrari, Henry Ford II veut créer une voiture de course qui battre Ferrari dans son propre jardin: les 24h du Mans.
Les bolides rouges trustant les victoires depuis 1960, une guerre s’installa entre les deux grands constructeurs que tout sépare.
D’un côté un industriel américain à la puissance colossale mais qui souffre d’une image “bon père de famille” contre un artisan italien de talent dont les bolides rouges font rêver tout les petits garçons.
En 1964 ce fut à nouveau Ferrari qui remporta la course. Ford fulmina. Il veut une victoire au Mans et il la veut tout de suite. Pour se faire il lança le projet qui se nommera plus tard « GT40 », il ne restait plus que 10 mois à ses ingénieurs avant la prochaine course aux Mans pour concevoir ce bolide.
Pour se faire il engagea Carroll Shelby, pilote américain ayant remporter la course en 58 et qui travaillait sur ses « Cobra » utilisant les moteurs Ford.
Très vite l’idée de s’associer avec une société ayant de l’expérience en course s’imposa.
Après avoir visité Cooper, Lotus et d’autres constructeurs de voitures de course à succès, les ingénieurs portèrent leur choix sur les études de la firme anglaise Lola et de leur projet Lola GT MK6. Voiture qui était motoriser par un moteur Ford.
Mais qui était cette petite société anglaise Lola Ltd ?
la Lola Cars Ltd, était une société fondée par l’ingénieur Eric Broadley en 1958. Il construisit des monoplaces de diverses formules et de voitures de catégories Sport et Can-Am.
En 1959 la première Lola MK1 sortie des ateliers. Il en produisit 35. La voiture pouvait être livrée avec différentes motorisations et différentes boîtes de vitesses. Donnant ainsi une arme affutée aux pilotes privées désirant se battre contre les Elva et Lotus sur les tracés anglais.
En 1960, il construisit des châssis de formule Junior les MK2. Voiture à moteur avant qui ressemblait à une Vanwall aux dimensions plus réduites. Les voitures souffraient de soucis de fiabilité mais elles réussirent en 1960 à signer une victoire et une deuxième place sur le Nürburgring pilotées par Dennis Taylor et John Love.
La MK3 fut la première Lola à moteur arrière. Le moteur était généralement un Ford 105E de 997 cm3 équipé de deux carburateurs SU ou Weber, la boîte de vitesses était une série BMC A à 4 vitesses modifiée. La Mk5 de 1962 était une refonte de la Mk3, et les résultats suivirent avec une victoire au Circuito del Garda pour David Hitches et une seconde pour le même pilote à la Coupe de Paris à Montlhéry.
En 1962, Lola fit son entrée en Formule 1 et fournit des châssis motorisés par un moteur Coventry Climax, permettant notamment à John Surtees de remporter de beaux succès.
1963 fut une année charnière en endurance. Maranello dévoila sa 250 P, le premier proto Ferrari à moteur central. Specification technique qui avait déjà la cote dans de nombreux autres championnat mais qui avait des difficultés à s’imposer en endurance pour des raisons liées à la taille des moteurs. ( cette configuration convenant plutôt aux petites cylindrées). De plus, la nouvelle législation de la CSI sur les GT prévoyait une sous-catégorie Expérimentale depuis 1962. Cette catégorie autorisait un proto à courir en GT, à condition d’être équipé d’éléments de série, comme la roue de secours….
Eric Bradley, satisfait des succès de sa GT MK1, y vit une opportunité pour créer une voiture performante : la Lola GT MK6…..avec une roue de secours de série.
Le concept fut assez innovant. Un châssis monocoque avec un treillis tubulaire à l’avant et à l’arrière. L’arrière fut équipé du radiateur et des suspensions. L’avant accueillit le moteur et la boite de vitesses Colotti. Enfin le tout fut recouvert d’une carrosserie en fibre de verre dessinée par John Frayling à qui nous devons la ligne des Lotus Elite et Europa. Le moteur était un Ford 289i équipé par 4 carburateurs double corps Weber. La Lola GT MK6 pesa 950 kg pour une puissance de 400 cv.
Malheureusement ce beau prototype n’allait être suivit que de deux exemplaires. Voitures qui n’eurent pas une carrière en course très riche. Pour sa première course, elle fut inscrite au 1000 km du Nurburgring 1963. Elle se qualifia à la 9ème place mais dut abandonner la course sur un problème de boite de vitesses.
Pour les 24h du Mans 1964, une deuxième voiture fut construite. Cette voiture eut un châssis monocoque en aluminium. Arrivé en retard pour les vérifications officielle avant les journées de test les Lola faillirent ne pas participer à la course. Mais grâce à la ténacité de Broadley et de ses mécaniciens, la voiture (la deuxième n’est pas arrivé au Mans en heure) put participer aux qualifications pilotée par David Hoobs et Rchard Atwood. Le manque d’essais préliminaires et surtout le mauvais étalonnage de sa boîte de vitesses se fit vite ressentir et la Lola termina à la 22ème place avec un temps de 4’13’’1, soit 191 km/h de moyenne. En Juin, lors de la course ce fut à nouveau un problème de boîte qui figea tout espoir d’Eric Bradley à la 15eme heure de course après avoir pointé à une encourageante cinquième place de l’épreuve.
Mais ce ne fut que le début d’une autre histoire. Ford battu à nouveau au Mans remarqua les résultats de la Lola. Un contrat fut signé avec Bradley qui allait participer activement à la naissance de la GT40.
Le développement de la nouvelle voiture se fit en Angleterre sous la direction de l’ingénieur Roy Lunn dans une nouvelle structure, Ford Advanced Vehicles Ltd (FVA), dirigée par John Wyer. Il ne restait que quelques mois pour présenter la nouvelle voiture et participer aux 1000 km du Nurburgring qui allait servir de test « grandeur nature » pour les 24h du Mans 1964.
Très vite les relations entre Bradley et le département de Ford chargé du projet GT40 se détériorèrent et l’ingénieur anglais décida de quitter le projet, retournant à ses voitures les poches remplies de dollars.
Il alignera encore le troisième châssis de la MK6 à Sebring puis consacra l’argent de Ford dans la conception de se qui restera à jamais une masterpiece : la Lola T70… mais ceci fera le sujet d’un prochain article.
Les trois châssis MK6 GT ont survécu mais ils sont aux USA. Quelques Lola Mk1 aujourd’hui à Goodwood :







Quelques GT40 aujourd’hui à Goodwood à Spa Francorchamps ou sur le circuit du Mans :















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